« Le niveau monte », « ça se
professionnalise », « l’exigence est toujours plus forte ». A
force d’entendre seriner ces balivernes chaque samedi soir, on finirait par en
être imprégné. Un peu comme avec le « La France va mieux » de qui nous savons.
Pourtant, elle est bien creuse et décevante cette saison 5
de The Voice. La défection (momentanée on l’espère) de Jennifer laisse la place
à un unanimisme lénifiant. La sorcière
de Speloncato est décidément irremplaçable, même malgré le sympathique retour
de Garou. On a la nostalgie de ses commentaires creux comme la grotte du Sdragonato, de ses pensées étroites comme les gorges de
l’Asco, de ses saillies désespérantes comme le désert des Agriates. Adieu la
« signature vocale » et le « trop plein d’information, j’veux
dire ». Bonjour la romance avec l’un de ces jeunes écervelés qu’elle a le
talent de dénicher. Mais qu’elle nous revienne bien vite !
« Le niveau monte », peut-être, mais l’intérêt
baisse ! Il est vrai que le quota de chanteurs folkloriques et de
hurleuses interchangeables a singulièrement baissé. Mais avec eux ont aussi
disparu les fortes personnalités que l’on apprenait à aimer les années
précédentes, comme Al Hy, Spleen, Yoann Launay ou Luc Arbogast. Les rares artistes
hors normes ont vite été évacués cette année, comme l’azeri Araz, la
phénoménale Oma Jali, Granhill ou Lucas K. Abdul. Adieu aussi la merveilleuse
Mirella. C’est oublier que depuis la saison 3, le pli est pris que la plus
belle voix ne gagne jamais.
Mais tout de même, quel manque d’aspérités, d’originalité,
d’énergie ! Où sont passés les Maximilien Philippe, Igit, Elodie Martelet,
Jacynthe Véronneau ou encore Stacey King, qui avaient ébloui la saison 3, de
loin la plus enchanteresse de l’histoire de l’émission. Au lieu de cela, on
verse dans « l’exigence ».
Alors d’accord, ne boudons pas notre plaisir d’être
émoustillés par le piquant d’Amandine ou épaté par le culot d’Antoine (qui
chante mieux que Mick Jagger, mais ce n’est pas le premier). Il avait été
héroïque sur Heroes et plus que convaincant. Mais il reste un peu jeune pour
faire un gagnant « bankable ».
Outre cette jeunesse punchy, la dernière soirée a laissé en
lice six autres candidats : le trio Arcadians a des airs de Frérodelavega
survitaminés. Ils se sont qualifiés sur « Say something » :
difficile de se planter. Mais que l’on était loin du merveilleux duo de l’an passé réunissant Pagny et Anne Silla ! Slimane est né pour chanter le
désespoir et inviter les auditeurs au suicide. Pour que le plaisir soit
complet, il devrait chanter du Calogero. Sa grandoliquente prestation sur une
ridicule bluette de Kendji était pathétique. Il peut bien sûr gagner compte
tenu des penchants mortifères de certaines adolescentes. Sol, de son côté, crie
bien mais a oublié deux des qualités qui font un artiste : la mesure et la
modestie. En revanche, le matériel vocal et l’envie sont là.
Il reste enfin en lice trois concurrents d’exceptions. MB14
est un exceptionnel artiste protéiforme. Il saura tenir en haleine des salles
surchauffées pendant des soirées entières. En plus, le gars est sympa et
intelligent. Allez hop, en finale ! Anahi dispose elle aussi de moyens
hors du commun et propose des prestations à l’avenant. Rien ne résiste à sa justesse,
à sa puissance et à sa sensibilité. La classe mondiale. Une carrière à la Mauranne ou à la Elaine Page l’attend. Streisand
est déjà passée par là. On ne sait jamais… Reste enfin Clément Verzy. Retenu à
la dernière seconde des auditions à l’aveugle, on a tout de suite repéré sa
belle gueule de vainqueur (de The Voice, entendons-nous bien). Lui a tout pour
gagner : la voix, le look, la présence. Un timbre et une sensibilité qui
marquent. Il ferait un beau gagnant, ça nous changerait des deux dernières
années.
NB - Pendant que Prince et Billy Paul chantaient leurs
dernières notes, l’industrie du disque à donné naissance à deux pépites : « Opération
Aphrodite », de Manset et « Palermo Hollywood » de Biolay. A
écouter en boucle…
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