samedi 28 février 2015

Johann et Yann’Sine en ordre de bataille…

Cette première soirée des « Battles » marquait hélas la fin de l’heureuse période des auditions à l’aveugle, où l’on navigue de rêves en découvertes, certes au prix de quelques déconvenues. Cette phase des duos fratricides implique de surcroît les explications parfois gênées des coaches contraints de se défaire de la moitié de leurs troupes. Mais il suffit dans ces instants aussi pénibles que répétitifs de couper le son et d’attendre la confrontation suivante.Les quatre coaches nous ont gratifié d’une pénible entrée musicale sur un « Come together » particulièrement raté. Déjà que l’original est dur à entendre…

Le premier duel a opposé Awa Sy et Fanny Mendes. Le choix de « Respect » d’Aretha Franklin était très sélectif de la part de Pagny. Mais dès les quarante premières secondes, il n’y avait plus de match : Fanny manque singulièrement de graves et d’épaisseur là où la petite Awa  est rayonnante d’énergie. Sans trop en faire et en en gardant sous le pied, elle a écrasé sa rivale.

Etrange et cruel choix de Zazie que d’opposer Mathilde et Yoann, qui pouvaient l’un et l’autre postuler à la finale. Mais Mathilde, comme tétanisée par l’enjeu sur "Comme ils disent", est restée bien en dessous de la puissance évocatrice de son concurrent, qui visiblement sait tout faire. A mes yeux, il n’y a pas eu de match non plus. Jennifer, pour une fois bien inspirée, a sauvé Mathilde. Un bon point pour la sorcière de Castagnettu.

http://videos.tf1.fr/the-voice/extraits/mathilde-vs-yoann-une-battle-riche-en-emotions-sur-comme-ils-disent-8571213.html
Pour voir le duel entre Yoan et Mathilde, cliquer sur l'image.

Mika nous a fait perdre dix bonnes minutes avec un duo poussif sur « Chou wasabi ». Quentin m’a vraiment fait penser à un Averell Dalton qui aurait pris des cours de diction avec la grenouille à large bouche, et des cours de chant avec un lavabo émasculé. Law m’a fait meilleure impression qu’aux auditions à l’aveugle, mais il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. Espérons que Julien Doré regardait une autre chaîne. Qualifiée sans avoir besoin de photo-finish.

Jennifer a alors sorti deux de ceux qui peuvent, selon elle, rester comme « les révélations de l’année » ( mais alors pourquoi les opposer ?). Sur un air d’un « groupe mythique », à savoir… Police.  Que Genesis, Pink Floyd, Led Zep eussent été des groupes mythiques, personne n’en doute. Mais Police… Côme crie, pardon chante salement. Il ne présente aucun intérêt autre que d’être sympathique. Rien à voir avec l’immense musicalité et la créativité de Fabien Cornélius, que la punaise des Îles sanguinaires a délibérément envoyé au casse-pipe sur une chanson qui lui allait comme un string à un archevêque. Quel dommage ! Et quel manque de goût…

Pour faire genre, on dirait bien que le choc suivant fut un duo de « Titanes », tant les voix de Léah et d’Azaniah semblent indestructibles., Mais la concurrence était trop rude sur cet air de Beyoncé pour la prometteuse Léah, très largement dominée par Azaniah, qui fait pour moi partie des grands favoris de la compétition.

Pitoyable spectacle ensuite, avec un duo de « maillons faibles » sortis du panier de Zazie. De Lilian ou Nina, lequel aura le plus contribué au massacre de « Seras-tu là » ? Heureusement que Michel Berger n’est plus là pour entendre ça. Avec sa tête de crétin des alpages et sa voix d’enfant de chœur en train de muer, Lilian ferait plutôt pitié qu’autre chose. Quant à Nina, le jour où elle comprendra qu’on ne peut pas faire n’importe quoi sur n’importe quelle musique, Erato lui sera reconnaissante. Dans ce duel entre le fromager et la râpeuse, il fallait que l’un accédât à l’étape suivante de la compétition. Il faudra subir le vide sidéral de Lilian. On s’en serait bien passé.

Le petit prodige Yann'Sine et la tonitruante Dalia se sont affrontés sur le mythique « Feeling good ». Le jeune marocain s’est brillamment sorti de ce duel maghrébin qui ressemblait à un traquenard, tant l’air semblait choisi pour mettre en valeur la voix puissante de l’Algérienne. A l’arrivée, tout le monde est content, puisque Dalia a été sauvée par Pagny. Une surprise tant cette gamine semble interchangeable avec des centaines d’autres, là ou le lutin du sud déborde d’inventivité et d’originalité.

Duo de hurleuses proposé par Pagny sur « Eblouie par la nuit ». Maliya a une voix une peu lisse et a mis du temps à se chauffer alors que Carol-Anne a plus de  piquant et de rocailleux. Mais cela ne valait pas grand-chose par apport à l’éblouissante version originale de Zaz. Pagny a qualifié Maliya . Soit.

Sur une épouvantable daube intitulée « Bang bang », Jennifer a joué une sorte de mission impossible pour départager Victoria et Diem, dont les voix étaient très proches. Mais avec sa prestation digne d’une James Bond girl, et sa tentatrice maturité, la pourtant paisible Diem (les apparences sont parfois trompeuses...) s’est transformée sur scène en véritable démon. A déguster sans modération.

La prometteuse bataille entre Thomas Khan et Greg Harisson a un peu tourné en eau de boudin : « One » était beaucoup trop fort pour eux, d’où un résultat décevant. On sent que Greg n’a pas vraiment appris le chant, et offre donc une marge intéressante. Le jugement de Mika sur Thomas était bien trop sévère, alors pourquoi l’a-t-il gardé ?

Au total, une bien belle soirée qui a presque paru trop courte. Mika, malgré un beau costume (pour une fois…), a multiplié fautes des goûts et erreurs de jugement, sauf en gardant Yann’Sine. Mais on lui doit la merveilleuse apparition de Fanny Ardant, qui désormais imite sa propre caricature. Zazie a singulièrement manqué d’à-propos en réglant ses comptes avec Zaz avec une mesquinerie certaine. On se doit d’être plus élégant quand on a les origines qui sont les siennes…

samedi 21 février 2015

C’était fromage et dessert !


Cette dernière soirée d’auditions à l’aveugle, un peu faussée par l’incapacité des coaches à dépasser le nombre de 17 équipiers, a livré plein de bonnes surprises, dont certaines pourraient continuer à nous enchanter ces prochaines semaines.

Greg Harisson, le menuisier de Guernesey, a débuté un « House of rising sun » bien tremblotant. Mais en dominant le trac, il a pu développer son timbre propre à chanter des épopées celtiques. A séduit le seul  Mika.

La jolie Nina, 31 ans, originaire du Congo, a voulu livrer sa propre version de  « Lolita ». Après une première séquence  façon mélopée africaine, elle a évolué vers le reggae avant de rapper. Beaucoup de volonté et de caractère mais peu de voix.Partie chez Zazie.

Mariella, boulotte et appétissante chypriote de 35 ans, la tête bien sur les épaules, nous a offert un excellent « Sing it back ». Approche jazzy parfaite avec une voix de piano-bar avant la grosse machine disco qui donnait toute latitude à sa voix rauque. Ahurissante atonie des coaches, d’autant plus invraisemblable quand on compare à la prestation précédente. Éliminée, donc.

Fabien Cornélius, un mauricien  de 19 ans, est arrivé sur scène avec un bien beau polo. Sur un grand classique jazzy, il a fait couler sa belle voix de crooner black, pleine de miel et d’épices,  autrement plus sensuel et convaincant que Wesley l’an dernier. Une très belle surprise. Heureusement, Jennifer s’est retournée. Comme quoi il ne faut pas désespérer, elle peut toujours servir à quelque chose.

M’aille est venue d’Annecy pleine d’envie. Mais elle a manipulé un « Chandelier », bourré de fausses notes, qui  a pourtant fait se retourner trois coaches ! On en perd son latin devant tant d’aveuglement. Je l’aurais volontiers renvoyée faire ses gammes au bord du Lac… Ne devrait pas dépasser les Battles malgré son stage chez Zazie.

Mika en a profité pour nous bassiner avec les paroles de la chanson pour la deuxième fois de la soirée. Il faut savoir le faire taire !

Maax a ensuite, pour notre plus grand ennui, distillé un « Everybody’s changing » sans voix ni la moindre énergie. Eliminé.

Camille Lellouche, 28 ans, a fait preuve d’une rare maîtrise et d’un grand talent sur l’inchantable « Papaoutai ». Pleine de pêche, elle fait buzzer les trois jurés encore en course sans sourciller. On a hâte de la réentendre sur autre chose après son passage chez Mika, mais devrait aller loin.

Cerise a bien failli m’endormir sur un air tiré d’un dessin animé. C’était certes juste, mais nasillard, suraigu, trop fort, sans aucune originalité. Un vrai voyage au bout de l’ennui. Éliminée. A dû en avaler un noyau.

Anne Sila, pourtant chanteuse de jazz, s’est risquée sur « Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai ». Elle aurait sans doute mieux fait de se lancer sur du Diana Krall ou du Norah Jones. Mais sa voix juste a séduit, malgré quelques cris sur la fin. Prépare les battles  chez Pagny.

Neva Stone, de derrière sa batterie, a asséné un « Addicted to you » d’enfer avec une voix sortie des années soixante-dix. Silence très coupables des coaches, certes un peu coincés par le nombre mais tout de même ! Éliminée…

Du haut de ses seize ans, et accompagnée de son cochon en peluche porte-bonheur, Devi a bien chanté « Say my name », avec tact, charme et délicatesse. ¨Peut-être encore un peu jeune pour ce genre de mélodie, qui demande beaucoup de sensualité. Partie se perfectionner chez la rosière d’Aléria.

Fanny Mendes a un peu nasillé le début de « Grenade » de Bruno Mars, avant de déployer sa grande puissance et ses capacités dans les hauts. Aura passé l’hiver au chaud chez  Pagny.

Au total, une excellente soirée, avec de belles découvertes, dont notamment Cornélius, Camille Lellouche et Fanny Mendes. Un peu gâchée par trois décisions incompréhensibles et les bavardages inappropriés de Mika. Zazie, elle, aura encore étonné par son émotion sa justesse de ton.

Rendez-vous samedi prochain pour voir ce que tous ces jeunes gens auront appris en 4 mois !

samedi 14 février 2015

Le plein de parfums (mais peu d'essence dans le moteur)

A 23 ans, Théo misait gros, dont notamment son avenir professionnel. Il a démontré un talent de crooner certain sur « Cry me a river ». Mais, même si la chaleur était là, l'ensemble manquait de profondeur, de basses et de puissance. Sachant ce que l'on peut faire de cette chanson, je n'aurais pas buzzé. Son coach Jennifer aura du boulot.

Indigo, l'Albanais de Périgueux, a livré une version très personnelle de « Stay » de Rihanna. Doté d'aigus délicats et intelligemment placés, il a démontré à la fois sa technique et sa sensibilité. Sera très bien chez Mika pour mettre ses qualités en valeur.
Pour découvrir la prestation d'Indigo, cliquer ici !

PopomPidou (rien que ça) a voulu embarquer l'auditoire sur « Les frustrées » de Linda Lemay. Mais c'était tellement crié façon caf'conc que j'ai rapidement décroché. A séduit Pagny.

Samira, Franco-algérienne de 39 ans, a proposé d'une voix d'or, de sucre et de miel une délicieuse mélopée arabo-andalouse toute en retenue, sans forcer sur ses moyens que l'on entrevoit considérables. Un moment d'enchantement salué par les quatre coaches. Part travailler avec Zazie.

Mariana a donné tout sa puissance sur un « What a wonderful world » lent et très élégant. Riches de graves de piano-bar et d'aigus qui déchirent. Elle s'est révélée une très bonne surprise. On la reverra chez Pagny.

Robinne, bruxelloise de 22 ans, n'a pas l'accent belge. C'est peut-être mieux quand on étudie la comédie musicale (ça s'apprend à l'université, cette affaire?). Certains étudient l'anthropologie, d'autres la médecine. Mais elle non. Elle a choisi une autre voie. A défaut de nous proposer une voix vraiment nouvelle. Encore un timbre interchangeable et sans intérêt. « Power of love » méritait mieux que cette version light et bien léchée. A signé judicieusement chez Jennifer.  

Kevin a chanté d'une très belle voix de contre-ténor le « Lascia ch'io pianga » de Haendel. Malheureusement pour lui, les voix d'opéra n'ont plus droit de cité dans The Voice. Dans le passé, ses homologues ont fait long feu.

J'ai nettement préféré la prestation d'Amélie, 24 ans, à celle de Mariana. Son « Addicted to you » était plein d'une énergie qui nourrissait son timbre et son registre. Son look tatouages-piercings colle assez bien à sa façon de chanter. Pas sûr que ça colle avec celui de Jennifer, qu'elle s'est choisie pour coach.

Azania, 39 ans, a déjà fait de la scène au Etats-Unis. Sur le tube de Conchita Wurtz, elle a tout démontré : non seulement puissance et technique mais aussi une rare agilité vocale. Une grande pro, qui va faire ses classes européennes dans la meilleure école qui soit, celle de Pagny.

Tom s'est lancé sur un « Hey Joe » extrêmement rauque et puissant. Zazie s'est retournée à la dernière seconde. Ce n'était pas indispensable. Il faudra au moins qu'il apprenne à se servir d'une guitare.

Elle aussi accompagnée de sa seule guitare, Lorenza 16 ans s'est employée sur un « Aline » risqué compte tenu de son jeune âge. Malgré un ton un peu chevrotant, sa voix laisse entrevoir des possibilités qu'il incombera à Mika de faire s'épanouir.

Alibi culturel ? Nous fûmes ensuite gratifiés de la prestation d'une japonaise digne d'une émission d'Arte. Eliminée.

L'italienne Giuliana a bien mal clôturé le show en abîmant du Barbra Streisand d'une voix nasillarde. Pagny a cru déceler une pépite intéressante. Peut-être mais il ne faut pas chanter des choses comme ça à 20 ans.

Sans avoir suscité de coup de foudre (à part peut-être Samira et Azania), cette avant-dernière soirée des auditions à l'aveugle s'est avérée plutôt agréable, bien loin de l'ennui suscité par les deux émissions précédentes. Certains coaches n'ont quasiment plus de place. La semaine prochaine, les sélections vaudront cher !

dimanche 8 février 2015

Quelques éclairs dans la pénombre



Cinquième soirée d’auditions à l’aveugle, placées sous le double signe des grands froids et de la blanquette de veau. Il est probable que l’on n’aura pas vu le futur gagnant ce soir.

Julie Gonzalez a pris bien des risques en lançant la soirée avec « On the radio ». Elle bien tenté d’allumer le feu, mais sa reprise , quoique très bien chantée, manquait singulièrement de graves et de rauque. Sans doute par solidarité féminine, ces dames ont buzzé. Mais la candidate n’ira pas loin avec Jennifer…

Alvy Zamé a entonné, accompagné de sa pauvre guitare, une mélopée africaine qui a fait se trémousser Mika. A la limite du supportable dans l’injustesse, la complainte s’est révélée totalement anesthésique. Unanimité incompréhensible des quatre coaches devant tant d’incurie. A signé chez Zazie, mais ne devrait pas gagner la compétition sans boire beaucoup de Fruité. C’est plus musclé. Est parti pleurnicher chez Zazie.

Jérémy Charvet a massacré « La lettre » de Ronan Luce en s’accompagnant d’une guitare de bastringue. Ses braillements nasillards ont fait se retourner Mika.

Lou Lou White, plus agréable à voir qu’à entendre, a hurlé un tube de Britney Spears sans susciter la moindre émotion, avant une fatale fausse note finale. Out.

Naguère starlette fugace de « The Voice Kids », Victoria Adamo a étalé sur un énorme potentiel qui a mis en valeur son vaste registre et sa voix légèrement cassée. Du haut de ses seize ans, elle peut voir venir. A suivre, de près, si Jennifer ne l’étouffe pas.

Assez impériale sur « Listen » de Beyoncé, Léah s’est employée avec volonté en recourant à des moyens vocaux qui ne sont plus à démontrer. Devra changer de tailleur, parce que le look lampadaire… A signé chez Pagny, qui devrait savoir lui insuffler le supplément d’âme qui lui aura manqué ce soir.

William, doté d’un timbre magnifique, a chanté en vain un beau « Wish you were here » qui manquait un peu de puissance et de charisme. Out, mais c’est dommage.

Il y a des moments où je me demande pourquoi je ne me présente pas aux auditions de The Voice. Le « La nuit je mens » de Guilhem, était certes émouvant et plein de bonnes intentions mais sans grand relief. Avec un accent gênant, le jeune homme a rajouté au texte des liaisons étranges, dont un surprenant « Un autre a chercher rateplaire ». Malgré cette dimension comique, je n’aurais pas buzzé. On verra ce qu’il devient avec Zazie.

Dalia est venue d’Algérie nous vriller les tympans. Parée d’un balai-éponge rouge sur la tête, elle a hurlé avec un enthousiasme sanguin un tube de Rihanna. Ses arguments tonitruants n’ont convaincu que Mika.

La richesse de Nög, 39 ans, a illuminé la soirée. Son élégante interprétation de « Somewhere only we know » a permis d'apprécier son vaste registre, une certaine puissance et une retenue distinguée. Cet homme est habité par la musique. Souhaitons que son coach Mika sache le mettre en valeur. De loin le meilleur moment de la soirée, à redécouvrir en cliquant ici.

Clémence, ancienne starlette, s’est lancée sur « Les passantes » de façon juste mais maniérée. Out.

Il aura fallu attendre jusqu’au bout pour en prendre plein les oreilles avec la rayonnante prestation de Ketlyn. Cette mamie de 56 ans, pas gâtée par la vie, a démontré une grande puissance vocale servie par un coffre phénoménal sur un vieux tube d’Abba. Malgré un anglais à peine phonétique, elle a assuré de bout en bout, ponctuant la mélodie d’aigus de bel canto. Un régal pour Pagny, qui pourtant ne voulait pas de voix « opératiques ».  Il s’est déjugé pour son plus grand bonheur, et pour le nôtre par la même occasion.

Tout au long de la soirée, Jennifer a été en proie à la difficulté de « capter autant d’informations » véhiculées par la voix des candidats. Un abonnement à Gulli pourrait être considéré comme une bonne action. A vot' bon coeur m'sieurs dames…