samedi 7 mars 2015

La jeunesse prend le pouvoir


Andrew, qui avait chanté faux sur « Titanium » de David Guetta aux auditions à l’aveugle, a été un peu meilleur sur le déjà trop entendu « Stay with me » de Sam Smith. Mais ses aigus sans l’esquisse d’un grave sont lassants. Et quel déficit d’émotion par rapport à la voix riche et enjôleuse de l’intéressante Sharon. Le duel était tout de même bien pâle. Mika, au col délicatement fleuri, a logiquement retenu Sharon.

Magic Pagny a sorti un trio de sa botte à trouvailles pour nous offrir un moment jubilatoire sur «Toute la musique que j’aime». Avec son timbre à percer les murailles, Olympe « en fait » beaucoup trop au point d’en devenir agaçante malgré ses énormes moyens. Ketlyn, sans complexe, ne pouvait qu’être à l’aise et s’en est donné à cœur joie face à ses deux rivaux dont le nombre d’années cumulé n’atteint pas le sien ! Mais David, au milieu de ces dames, avait le son, les graves et le look. Une forte personnalité aussi, sur scène, malgré des apparences timides. C’était le meilleur choix pour la suite de la compétition. Pagny ne s’y est pas trompé.

Le « Jennifer’s teens corner » a réuni Devi et son nounours et la surprenante Manon, qui paraît si humble dans la vie et si talentueuse au micro. Sur les images du coaching, Jennifer faisait figure de grand-mère. Si Devi, notamment avec de beaux graves en attaque, a chanté avec plus d’assurance et de fermeté, Manon a été envoûtante et a emporté les quatre coaches en se qualifiant, sur une chanson tartignolle de Christine and the Queens, qui correspond bien aux goûts de Jennifer.

A la réécoute, Alvy avait vraiment chanté très faux lors des auditions à l’aveugle. Il ne s’est guère racheté dans cet intermède superflu qui l’opposait à Julien, qui, lui, n’avait rien montré d’autre que ses cheveux.  Lancés sur un air de Keziah Jones, les pauvrets ont fait de leur mieux mais on entend en général plus intéressant à la Fête de la musique à Montluçon. Alvy chante faux et l’autre a une voix aigre. Quel dommage de gâcher une telle musique, qui peut être magique confiée à d’autres voix… Alvy est qualifié mais il faudrait changer les règles pour pouvoir ne qualifier personne et se réserver de garder deux opposants que l’on n’arrive pas à départager.

C’est d’ailleurs en voyant s’approcher le duel entre Nög et Hiba que l’on y a pensé. Quel dommage de voir d’opposer ces deux étoiles si dissemblables en craignant que l’une ne soit filante ! D’autant plus que Mika avait largement faussé la donne en choisissant « Mon amie la rose », naguère adaptée avec un grand retentissement par Natacha Atlas, déroulant ainsi un tapis  rouge pour l’orientale Hiba. Classique, juste et volontaire, Nög s’est donc battu avec ses moyens face à des éléments contraires (même l’orchestration était arabisée !). Sa grande classe a ébloui la soirée. Et si le libanais Mika a gardé la libanaise Hiba, Zazie a justement sauvé Nög . Merci !

Pour revoir ce superbe duel, cliquer ici !

Attention les oreilles ! Bien qu’entièrement transalpin, le concours de décibels proposé par Florent Pagny était loin du plat de nouilles. « Il mio rifugio » de Cocciante est une chanson écrite pour monter et pour crier. La puissance dégagée par ces dames était à vous dégoûter des scènes de ménage mais le spectacle était roboratif comme des rigatoni al peperone. Face à Giuliana, plus sûre, Elvya s’est révélée plus subtile et plus convaincante, malgré ses 16 ans, par son engagement vocal et scénique. Qualifiée par un Pagny inspiré.

Après cette tempête, Jennifer nous infligé quelques minutes de répit avec Max, une sorte d’inutile à la voix de canard, opposé sur « Unchain my heart » à une Robinne évoquant sa « signature vocale » (Jennifer serait donc contagieuse ?). Très mauvais, nasillard et sans coffre, Maxa servi de faire-valoir au chant mécanique de la brunette d’outre-Quiévrain. Un duo pitoyable et indigent dont il fallait que l’un survécût. Ce sera Max.

Nouveau trio en scène, organisé par Zazie, mais opposant un duo et un solo. S’accaparant « Help yourself » de Gaëtan Roussel, les Fergessen ont fait preuve de vie, d’envie et de beaucoup de musicalité. Guilhem, lui, n’a que sa voix ordinaire et tremblante et son physique qu’il doit croire avantageux pour faire vibrer dans les chaumières. Cet ectoplasme a pourtant été incroyablement qualifié par Zazie, qui nous avait habitués à des choix mieux inspirés.

Nouveau quart d’heure « fleur bleue » offert par la tantine de Balagne. Joanna et Théo étaient invités à partager « Time after time », mais l’ombre tutélaire de Cindy Lauper était loin, très loin dans le ciel… La gamine a chanté faux quasiment du début à la fin, compliquant singulièrement la tâche de son concurrent qui mériterait une médaille. Cela ne le consolerait sans doute pas d’avoir été éliminé par une Jennifer au top de sa légendaire sagacité.

On a eu envie de crier « Aux abris ! » en voyant s’annoncer  la formidable Gaëlle et la canadienne Trudy, qu’il vaut mieux entendre chanter que parler. Malgré ses bons arguments, elle a eu un peu de mal à tenir la note en fin de phrase face à la très sûre et puissante Gaëlle. Difficile de trancher entre ces deux voix très proches. Le métier de Gaëlle méritait mieux. Pagny a préféré l’aventure…

Sur un air aussi connu qu’ennuyeux de Sinead O’Connor, Zazie nous a obligeamment rappelé que le marchand de sable était passé. On se laissera donc bercer l’âme par les accents rauques et sauvages de l’étrange et prometteuse Léa Tchéna, qui n’a fait qu’une bouchée d’une M’aille aussi fade qu’anonyme.

Encore une bonne soirée, qui est passée bien vite. Deux choix ahurissants, dignes de la cour martiale. Et des jeunes formidables, dont on attend beaucoup : David, Helvia, Léa… Il reste quelques maillons faibles pour la suite et des concurrents redoutables à entendre la semaine prochaine, pour la dernière soirée de ces batailles fratricides.

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