lundi 23 mars 2015

Deux coups de tonnerre dans la nuit…


Après les très pénibles « Battles », qui manquent à la fois de sens et d’intérêt,  l’on est rentré dans le dur avec « l’épreuve ultime », dans laquelle les concurrents ont intérêt à montrer ce qu’ils ont dans le ventre. La soirée fut un tantinet longuette, vu qu’à peu près tout ce qu’il y avait d’intéressant s’est déroulé dans les trente premières minutes.

Et pour cause, c’est à Florent Pagny qu’il échut d’être le premier à devoir écrémer ses troupes. On a donc vu du lourd, avec des fortunes variées mais un plaisir entretenu. Première en piste, Maliya s’est grillée d’entrée avec un dramatique choix de chanson funky qu’elle a difficilement menée au bout. Etrange contagion, il en a été de même pour Guillaume Ethève dont les premières notes de « Quand on arrive en ville » faisaient peine à entendre. La richesse de sa voix lui a permis de redresser la situation avec brio. Mais c’était sans s’attendre à l’incroyable prestation d’Awa qui s’est emparée d’un « Quand on a que l’amour » tant de fois entendu et si souvent massacré. La mutine diablesse dont on s’attendait à tout sauf à un tel classicisme a été tout simplement époustouflante de puissance, de justesse (sauf une note vers la fin), de conviction et de sensualité. Son interprétation était charnelle et habitée, l’instant était magique. Pagny l’a bien évidemment retenue.

Le deuxième trio du maître chanteur était encore plus alléchant. On se doute bien que David n’a pas forcément les moyens de gagner la compétition. Mais il poursuivra sa vie dans la musique, tellement il la possède et en est possédé. Sa version de « My girl », pétrie de classe, de retenue et d’élégance, est de celles que l’on écoute en boucle.
Entendre « Aimer jusqu’à l’impossible » chanté par une voix noire fut délicieusement déstabilisant. A l’aise comme un cheval sauvage au cœur d’une grande plaine, Azaniah a déchiré l’écran sans forcer, tant son registre et ses possibilités sont immenses.
Quel dommage à l’inverse d’entendre un talent tel que celui d’Anne Sila se gâter sur une ritournelle banale et sans envergure comme « A Thousand Miles ». Heureusement, sa sensuelle chaleur et son extraordinaire aisance dans les aigus finaux ont compensé les faiblesses de la mélodie. Très justement qualifiée, elle n’est pas partie vers les cimes sans David, récupéré par un Mika pas rasé et habillé en pyjama, mais en l’occurrence excellemment inspiré. Jusqu’ici, que la soirée était belle !

Mais la suite de la soirée était plus redoutable. Notamment parce que Florent nous avait réservé un trio fatigant pour les tympans avant de clore son recrutement. Déguisée en bavaroise à la framboise écrasée, la petite Dalia a hurlé «  Dis-moi » des BB Brunes sans le moindre discernement et dans mon indifférence générale. La très chouette Elvya, avec son joli nom de gazoline, a illico enchaîné avec une daube innommable de Katty Perry. C’était bien, mais on commençait à ressentir la chute de tension après la prestation d’Awa. Trudy a conclu avec un « Love me please love me » un peu minaudeur et aux aigus risqués. C’était toujours mieux que l’original, ce qui n’est pas difficile. Mais Pagny, au choix toujours sûr, a qualifié Elvya, qui pourra donc nous venir en secours sur la route des vacances.

Changement radical avec les protégés de Zazie, auxquels incombait l’antenne. Manque de pot pour le téléspectateur, la soirée s’est éteinte après la prestation de Yoann, très difficile à commenter. Ce type est énorme, sait tout faire et maîtrise sa démesure avec génie. Son « I Put A Spell On You » peut rester dans la légende de la télé. Tout mon quartier en a profité. Dans les secondes qui ensuivirent, Alvy, le très superflu militaire africain, est apparu bien pâlichon malgré un accoutrement qui se voulait chatoyant. Son adaptation de Stromae l’a montré en progrès, malgré un nombre de fausses notes qui arracheraient les oreilles à un diplodocus enragé. Neeskens a ensuite pris un trop grand risque en s’attaquant à la mythique « Légende de Jimmy ». Très attachant, impliqué, touchant mais un peu trop juste, il allait quitter la compétition lorsque retentit le buzzer de Jennifer, qui à total contretemps, s’est réveillée pour, contre toute attente et contre tout bon sens, qualifier… Alvy!!! Un exploit ahurissant de plus à mettre sur le compte de la punaise de Santa-Croccia, sur laquelle les cieux devront un jour se déchaîner sans merci ! Avant ce crime contre la musique, Yoann avait été retenu par Zazie, poursuivant sa marche triomphale vers la phase finale que l’on souhaite lui voir gagner !

Le lien vers la vidéo officielle de leur prestation et les larmes de Zazie est ici !

Il était temps, dès lors, de partir faire la vaisselle, tant le programme s’affadissait. Nehuda a nasillé « Street life », un bon air funky qui mériterait que l’on tente au moins d’essayer d’articuler la langue anglaise. La jeune femme a ostensiblement exhibé son nombril. C’est sans doute ce qu’elle a de plus intéressant à montrer. Léa Tchéna a fait partager son étrange magnétisme sur un « Je suis venu te dire… » sorti de nulle part, assaisonné d’un étrange venin qui magnifiait quelques cristaux arrachés au temps qui passe. Cette jeune femme nous a rappelé que la musique n’est avant tout que la traduction d’une émotion. On ne l’oubliera pas
Et cela d’autant moins que Lilian, le fabricant de Morbier, a ânonné du Springsteen comme un enfant de chœur un cantique. Aucune aspérité, aucun rauque, aucune rage, avant un final un peu plus enlevé, on se serait cru au patronage. Qualifié pour la suite : quelle pitié !

Nög s’est extrêmement bien sorti d’un redoutable air de Muse, exposant haut et fort des vibrations inattendues. Comme à chaque prestation, Aubin a été dramatique, encore plus sur cet air de Calogero que l'on croirait écrit pour le séminaire de la force de vente des Pompes funèbres générales. Je suis parti me resservir de la glace en attendant que ça passe. Bêlant et tremblotant, d’une justesse sujette à caution, Guilhem a assassiné le très culte « Everybody’s gotta learn sometimes ». Comment peut-on accorder le moindre crédit à ce genre d’usurpateur ? Il faudra hélas le supporter encore au moins deux fois…

A l’arrivée, donc, une soirée partie comme un boulet de canon pour finir en eau de boudin. Il est temps de couper du petit bois pour le bûcher de Jennifer



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