mercredi 1 avril 2015

Chantons tous « Comme toi »

Qu’il est difficile de décrire le néant ! Quand la vacuité vous vide de toute énergie créatrice, l’être se rétracte dans un reniement du monde propre aux larmes de l’impuissance. En un mot, cette soirée de The Voice s’est longtemps dessinée comme nulle et non avenue s’il n’y avait eu un miracle.

Il faut dire qu’avec les équipes de Mika et de Jennifer, s’attendre au miracle relevait du sauvetage du Titanic. Mika a démarré par un trio de charme virant rapidement à la soirée de dupes. Sur « Tainted love », Law a été d’une effroyable banalité et a fini par me percer les oreilles avec ses suraigus. Aucun intérêt. Se lançant dans « Survivor », Camille Lellouche a été remarquable à la fois par sa profondeur et sa malignité. Insuffisant pour Mika, mais si elle n’est pas une grande chanteuse, elle est dotée d’une incroyable personnalité. Florent Pagny ne s’y est pas trompé en la repêchant. Sharon Laloum a minaudé sur la reprise de Carmen de Stromae. Que dire, sinon que ce n’était pas bon ? Plein de mes voisines chantent mieux. Qualifiée par Mika . Bof….

Mariana Tootsie est une chanteuse de bar dont tomberaient amoureux marins perdus et camionneurs abandonnés. Elle a su ressortir du fameux « Prélude de Bach » de Maurane des graves encore plus charnels que ceux de la Diva belge. Cela n’a pas convaincu le grand lutin britano-libanais. Hiba Tawaji a braillé avec brio un air sans nom, telle une star qu’elle est déjà. Grand bien lui fasse, mais je n’achèterai pas ses disques, bien que Mika l’eût qualifiée pour la suite. Jacques a démarré faux pour finir très juste un redoutable « Métèque » qui n’appartient qu’à son auteur de légende. Sans rien transcender, sa prestation était méritoire. Merci, jeune homme à la belle voix !

Madeleine Leaper nous a fait retomber en enfance avec « Le temps des fleurs ». Il paraît que c’était une chanson de Dalida. Moi je me souvenais plutôt d’Ivan Rebrof. Mais en tous cas autre chose que cette version tristounette digne d’un concours de l’Eurovision. Thomas a ensuite hurlé du blues sans convaincre, malgré une belle chemise piquée au cowboy Marlboro. Dans cet océan de grisaille, que dire de l’incroyable performance de Yann’Sine Jebli ? Qu’est-ce qui nous a le plus ému ? Le message véhiculé par cette jubilatoire percussion des passés et des antagonismes odieux et tribaux qui nous perturbent depuis tant de décennies, ou la seule performance vocale de l’artiste ? Quand l’on chante le malheur de l’innocence avec une telle puissance et une telle sincérité, le public ne peut que s’incliner, ce qui fut fait après ces instants de grâce absolue qui ont propulsé le petit môme vers la gloire des directs. L’émotion était là. C’est parfois la magie de la téloche…

La prestation magique de Yann’Sine est visible en cliquant là.

Il est clair qu’après ce choc vocal et émotionnel, la soirée était d’autant plus pliée qu’il restait à subir l’équipe de Jennifer. Ne souhaitant pas bâcler la chronique, ni l’inutilement rallonger, je m’astreindrai à être bref.

La très tatouée Amélie a braillé « Black velvet » en couvrant le son de mon aspirateur, ce qui n’est pas un mince exploit. A éviter sous n’importe quel prétexte au petit déjeuner. Sweet Jane, toujours choucarde, a trouvé le moyen de se planter grave, sans aucune voix, sur « Non, non rien n’a changé » des Poppies. Je lui aurais donné dix balles pour qu’elle change de rame dans le métro. Manon Palmer, sur une chanson difficile, a été sublime comme on peut l’être à seize ans. On est heureux de la revoir pour le bonheur des yeux comme pour celui de l’âme, vu que la Taupe du Monte Cinto, pour une fois bien inspirée, l’a retenue pour la suite des événements.

Le crieur Côme a hélas été fidèle à lui-même en s’attaquant à « La bombe humaine » pour n’en faire qu’un « Pschit ». Mathilde s’est montrée très à l’aise sur « « Son of a preacher man », mais la mélodie, ou son interprétation, était trop scolaire pour susciter la moindre émotion. Quant à « Max Blues bird », il fait partie de ces inconnus genre « Petite Shadé » ou « Pom Pom Pidou » convaincus que rallonger leur surnom peut masquer leur absence totale de talent. Côme qualifié, Mathilde repêchée. L’Histoire n’en sera pas bouleversée pour autant…

Le dernier trio en piste comprenait au moins deux pénibles qui ont été à la hauteur de mes attentes les plus sombres. Battista Acquaviva commence à devenir lassante en proposant des performances toujours sorties du même tonneau. Ses fausses notes au violon ne l’auront pas servie aux yeux de ses détracteurs. Diem a alterné le bon et le moins bon sur « Ma Benz » et avait l’air plutôt empotée avec sa basse. Enfin, Johanna Serrano a eu beau paraître profondément pénétrée,  ses « Feuilles mortes » ont oscillé entre le trop fragile et la plus triste banalité. En repensant à la performance samedi dernier de la petite Awa sur « Quand on n’a que l’amour », on peut vérifier que s’attaquer à un chef d’œuvre exige un QI qui dépasse celui de la limace. La Bimbo des Iles sanguinaires a bien évidemment conservé sa compatriote.

En conclusion, malgré quelques moments plaisants, le festin avait un goût prononcé d’ordinaire. Il est vraisemblable que le vainqueur n’était pas sur scène ce soir….


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