samedi 4 avril 2015

Deux gars, une fille…


Enfin les directs ! Diront les uns. Le début de la fin, diront les autres. Déjà, plusieurs jeunes gens talentueux ont été renvoyés à leurs cours de chant, et ce soir, l’épée de Damoclès allait s’abattre sur le quart des effectifs !

Après une superbe entrée en matière sous forme de défilé inaugural, la piste était libre pour les « debs » du live et le moins que l’on puisse dire est que l’on n’a pas été déçu, y compris par le pire…

Le serial-fashioned Mika a ouvert le bal en lâchant David sur « Feeling my way to the darkness ». Classe, justesse de voix, accent, ce  môme est épatant. On sent une influence « preyslienne » permanente dans ses intonations tant que dans ses déhanchés. Un simple régal.
Le petit prodige Yann’Sine doit avoir des ancêtres magiciens. Quelle intelligence d’esprit, quelle richesse de voix, quel registre, et quel talent dans sa modulation des aigus ! Il « vole », a-t-il chanté. Alors, petit, « Spread your wing and fly away », l’avenir s’offre à toi !
Sharon Laloum n’avait pas l’élégance de ses deux prédécesseurs. Et malgré son interprétation méritoire d’une bien banale litanie de la pop anglo-saxonne, elle est apparue bien pâle.
Toujours aussi belle, toujours aussi pro, Hiba a chanté aussi bien qu’on le puisse une mélodie insipide de Britney Spears.
Hiba et David sélectionnés par les téléspectateurs. Yann’Sine retenu par Mika.

Incroyable comme ce Yoann a la musique dans la peau. Il a transfiguré le « Désenchantée » de Mylène Farmer en sublimant paroles et mélodie de cris de rage vocalement irréprochables. Il évoque, par son aptitude à réinterpréter des airs mille fois entendus, le Julien Doré de la Nouvelle Star 2007, ce qui n’est pas peu dire.
Après cette prestation ébouriffante, il restait à Zazie de nous livrer ses trois autres poulains en pâture. Il serait temps que Lilian, le crémier doubiste, fasse sa mue au lieu de nous rejouer « Les choristes » tous les samedis. Qu’il prenne garde, le goudron et les plumes le guettent : Jean-Michel Jarre et Christophe ont du avaler leur night cap de travers après l’avoir entendu s’aventurer sur leurs « Mots bleus ». La voix de ce garçon est un supplice.
C’est à croire que « Diamonds » de Rihanna est devenu un étalon pour les concours de chant. Mais quelle maîtrise technique et quelle aisance de Mathilde, autant de vertus apparentes qui reposent sur tellement de travail ! Impressionnante jeune femme…
Avec sa belle gueule, Guilhem, s’est vraiment trompé de voie : il aurait toute sa place au cinéma dans des rôles de dealers désespérés ou d’amoureux suicidaires. S’il veut néanmoins continuer, avant d’arrêter de chevroter et de chanter faux, il lui faudra d’abord apprendre à respirer moins maladroitement. Même avec l’absence de voix qui était la sienne, Léo Ferré avait fait de son « Avec le temps » un viatique pour l’éternité. Avec Guilhem, on a juste pris un aller-simple dans un grisâtre train de banlieue.
Yoann et Lilian sélectionnés par les téléspectateurs. Guilhem retenu par Zazie. Mathilde reste sur le carreau. Comment peut-on manquer de goût à ce point ?

Sacré quatuor et invivables choix avec Florent Pagny. Pour rattraper son jeune âge, Awa Sy a couru après l’inoubliable « Bang bang » de Nancy Sinatra, si cher aux fans de Tarantino. Elle est allée crescendo, (presque) toujours juste, enflammant l’affaire avec l’aide de musiciens d’exception. Que cette petite tigresse a du chien !
Toute de camaïeu de rose vêtue, mèche blonde gélifiée au vent, Halvia a rappelé aux plus anciens d’entre nous la Debbie Harry de Blondie en mieux, c'est-à-dire non seulement mutine mais de plus sachant chanter et enchanter…
Pour la deuxième semaine consécutive, choix de chanson consternant pour Anne-Sila avec « New-York » d’Alicia Keys. Mais pour la deuxième semaine consécutive, elle s’en est sortie avec un invraisemblable brio. Inspirée par la Grosse pomme, elle s’est débarrassée de la banalité de la mélodie avec une facilité déconcertante, améliorant même l’original !
Artiste d’exception, Camille Lellouche a de nouveau montré tous ses talents sur « Tous les mêmes » de Stromae, devenu en deux ans une valeur-étalon des télé-crochets. A l’aise sur scène comme une vieille routière, attaquant chaque note avec les dents qui déchirent la vie, Camille a sorti des graves épatants précédant des accents montants vers les hauts dignes d’une vraie blueswoman. Un plaisir pour l’esprit comme pour l’avidité de l’amateur de sensations vocales.
Les téléspectateurs ont gardé Awa et Anne-Sila. Le choix était douloureux pour Pagny, qui a retenu Camille. Dommage pour Helvia et son prénom si doux aux nostalgiques des épopées routières…

La rigolade pouvait enfin démarrer avec le Jennifer’s team. Côme est aussi sympa qu’il chante avec ses pieds. Je l’ai laissé sur le « Stabat puer » de Calogero (le pendant d’un Stabat mater, les latinistes et mélomanes comprendront) pour ouvrir ma boîte de lapins en chocolat. De loin, on peut légitimement estimer qu’il chante mieux que lorsqu’il ne crie. Habillée en veuve corse, mais néanmoins joyeuse, la froufrouteuse de Balagne a lâché pour commentaire un inoubliable : « Je lui ai proposé une chanson en français. Il l’a comprise… ». No comment.
L’inévitable séquence patronage nous a été offerte par Alvy. Toujours à côté de ses notes, l’ex-tirailleur a béatement chanté une mièvrerie à la hauteur de sa prestation : sans voix, sans le moindre talent, ni la moindre inspiration. Indigne de ce niveau.
Manon Palmer a sublimé un air dont plus personne ne se souvenait qu’il était de Christophe Willem. Quelle dommage de voir nous quitter cette si jolie princesse qui sait chanter, monter et redescendre avec autant de justesse. Que la grâce continue à guider son envie !
Sortie de son répertoire, Battista Acquaviva a inquiété son monde en frôlant souvent le crash. Et les contours du Monte Rodondo sont âpres pour les aventuriers. Son « Whiter shade of pale » mâtinant des réminiscences de Joan Baez de chants d’oiseaux, a été ponctué de fausses notes redoutables, compte tenu de sa tessiture suraigüe. La plus futée des renardes du maquis n’y aurait  pas retrouvé ses petits.
Les téléspectateurs ont retenu Alvy et Battista. La vermine de Solenzara a bien évidemment choisi Côme. Comme on pouvait s’y attendre, les plus jeunes partent parfois les premières…

A l’arrivée, une bien belle soirée, magnifiée par Yoann et Yann’Sine, et marquée par Camille . Sans oublier la formidable Mathilde, que l’on aurait aimé revoir ces deux prochaines semaines.

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