samedi 14 mars 2015

Super Café à Bagdad…


Evidemment, avec les « battles », The Voice perd en poésie et gagne en efficacité. On entre dans la compétition. A ce stade, le niveau en pâtit et cette soirée fut la plus faible des trois qui nous ont été proposées, notamment avec un choix de chansons assez pénible. Heureusement, il y eut un petit éclair de génies…

Au départ, un trio pour Zazie, histoire de purger son trop plein. S’agissant de trop plein, on en a eu jusqu’à la nausée. Une vaillante petite Estelle, sans son accordéon, s’est montrée très charnelle et déterminée sur « Je rêvais d’un autre monde », pourtant loin de son répertoire. Suny, très à l’aise, n’est peut-être pas assez sortie du cadre pour percer de nouveau l’écran, laissant s’infiltrer Nehuda, à la voix acide et à peine juste. On se demandait ce qu’elle faisait là et la voilà qualifiée ! Une décision musicalement injustifiable, sans parler de bon goût…

Jennifer a sorti son unique joyau, la corse Battista Acquaviva. Face à elle, Rany a littéralement massacré « Hijo de la luna » avec sa voix de gorge. Il n’y avait pas photo. Battista à l’unanimité.

Incroyable duo offert par Florent Pagny sur le fabuleux « Calling you » de Bagdad Café. La compétition fut phénoménale entre Marianna et Guillaume, à la fois vaillant et sensuel, impeccable de justesse et d’à-propos. La voix rauque et grave de Marianna était rassurante dans les basses et chaleureuse comme du velours dans les hauts. Florent a préféré la « voix de femme » de Guillaume, propre à plus d’expériences. Mika a sauvé Marianna . Tout le monde est heureux.

Sur le merveilleux « Bal perdu », la voix d’adolescent prépubère de Jérémy m’est apparue proprement insoutenable. S’il est content de lui, qu’il continue, sinon, on connaît un tas de remèdes : Gitanes, Gauloises, Boyard papier maïs, voire les cigares philippins, beaucoup plus écolos. Le formidable talent de Camille Lellouche n’en n’a fait qu’une bouchée.

Si The Voice reste rigolo, c’est sans doute pour les moments comme celui que l’on a vécu grâce à Jennifer avec le duel opposant Julie Gonzales et Sweet Jane. Cette formidable interprète, qui fera sans doute oublier Damia et Edith Piaf, s’est retrouvée en grande détresse en puissance et en aigus. Avec sa voix de gueularde, en permanence sur les frontières de la justesse, elle n’a rien pesé face à la rockeuse assurance de Julie mais s’est retrouvée… qualifiée ! Elle est pas belle la vie ? Atterrant…

Choc des âges et des cultures avec l’opposition mise en scène par Zazie entre Aubin et Samira. Sur un air à oublier (« The scientist », de Coldplay, pour les spécialistes), le grand dadais a mis en œuvre sa voix nasillarde et banale face à cette femme qui, visiblement, sait tout chanter. Certaines de ses vocalises ont fait pleuvoir des étoiles sur cet air ennuyeux comme la pluie. Malgré son handicap vocal, Aubin a été retenu par Zazie, qui n’était pas dans un grand soir.

Magnifique cadeau de Mika à ses poulains que de leur proposer de s’affronter sur l’inusable « Let’s danse » de Bowie. D’autant plus que leurs univers musicaux différaient d’environ deux octaves. Un duo décoiffant et très surprenant dont l’albanais Indigo, vêtu d’un très beau costume de scène, est ressorti vainqueur moral. Mais la belle voix grave de Jacques l’a emporté dans le choix de Mika.

La très talentueuse Anne Sila, avec son look de camionneur, n’a pas laissé beaucoup de place à l’inexpressive Pom Pom Pidou. : sur une chanson de Calogéro digne d’un enterrement, elle a montré tout ce que l’amplitude vocale, la souplesse, la sensualité et la chaleur peuvent apporter face aux froids stéréotypes de la technique vocale.

Le duo des benjamines proposé par Mika s’est révélé pitoyable. Entre ces deux gamines de 16 ans opposées sur une daube pop-rock inaudible, leurs voix acides étaient à la limite de l’insoutenable. Lorenza avait malmené « Aline » aux auditions à l’aveugle. Elle est éliminée. Tant mieux pour Madeleine, mais tout cela ne fera pas la fortune d’une grande firme du disque…

Amélie contre Eugénie : à entendre sans regarder, il n’y avait qu’une seule voix, celle riche et variée d’Amélie par rapport à la placidité d’Eugénie . Mais sur « Besoin de personne, », il est bien douloureux pour de jeunes artistes de s’exprimer facilement. Amélie qualifiée.

Neeskens et Tom se sont affrontés sur un air battu et rebattu. L’homonyme du tireur de penalties de notre enfance a délivré sa musicalité rassérénante pour une fin de soirée. En face, la voix rauque et forcée de Tom faisait un peu toc.

Il va falloir commencer à éliminer des coaches. Mais pas Jennifer, sinon, on n’aurait plus rien à raconter…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire